samedi 10 décembre 2011

Trame

Franc Franc Design, shopping bag Tugboat

Ces affiches dégagent une impression de légèreté et révèlent un réel univers.
Elles sont relativement simples, ce qui facilite leur lecture (même de loin.)
Les trames utilisées (et surtout leur désagregement) soulignent l'aspect évanescent des figures "cosmique". Le jeu sur la taille des éléments constitutifs des trames rend le graphisme léger, riche.
Ces images sont à la fois ludiques et expressives, colorés et riches de sens. 

Art spece PR poster in Narit Airport D-Net Co, Ltd


Japan Wataru Hasegawa
Cette image renvoie directement à la signalétique, de par la présence de flèches, leur orientation et leur incrustation dans un autre élément (ici, le cercle.) Ces derniers forment une sorte de trame dont l'organisation de ses élément constitutifs créent un sens, indiquent une direction. Le rond rouge appuie sur le caractère signalétique du dessin, rappellant les feux tricolors. L'ensemble des cercles(dans lesquels viennent s'organiser des flèches) peut être considéré comme les prémices d'une trame en expansion. Jusqu'où une trame peut-elle donc se réduire sans qu'elle en perde son caractère ?

New Bafun Paper, Ken Miki et Associates

La nourriture forme-t-elle une trame en elle-même ? Les grains de riz ne sont-ils pas des éléments s'agençant telles les formes d'une trame ?


Okumura Akio Match, Akio Okumura

Cette trame est remarquable dans le sens où aucun changement de direction, ni de taille, ni même de couleur n'est recherché. Nous assistons donc à la répétition d'une même forme, déclinée jusqu'à temps d'envahir l'espace, de le saturer. Cette image me fait penser aux jeux d'enfants où certaines pièces sont à placer à des emplacements adéquat. Une question se pose: les enfants aligneraient-ils de manière systématique les rectangles ?

Elementism, multiple square, Shinnoske Sogisaki

Cette composition de  multiples carrés est intéressante dans le sens où elle propose une multitude de possibilités combinatoires entre des formes similaires, jouant sur le blanc et le noir mais aussi sur le plein et le vide, la masse et le contour. On voit se profiler un  travail sur la taille des ces éléments graphiques et sur leur  répétition éventuelle dans l'espace. Tout devient assez sensible, poétique, quittant une certaine neutralité pour transmettre des impression comme le mouvement de la chute de feuilles mortes, ou bien de flocons.



Tomato Bank former president poster, Toshihiro Watanabe

Je considère cette image comme le résultat d'une trame dont les élément constitutifs seraient des carré (de couleur différentes.) Le portrait est comme pixelisé par la régularité des formes et de leur agencement. Un jeu s'instaure entre le graphisme et la photographie (ou la peinture.) Ce réseau tramé parle de lui-même, crée une dynamique propre à l'image et lui donne une qualité plastique.



Save Nature, Kazumasa Nagai

Les motifs constitutifs de l'arrière plan de l'image de gauche forment une trame par l’absence d 'une réelle perspective. La trame fonctionne ici avec le dessin qu'elle met fortement en valeur tout en ayant une grande qualité plastique. Cette trame irrégulière est intéressante car elle mêle la notion de trame à celle de narration. Le graphisme "neutre" ne laissant pas transparaître d' émotion est conjugué au dessin convoquant souvent la sensibilité du regardeur.

Playing the orchestra, 1997, Ryuichi Sakamoto

Cette trame régulière et minimal peut rappeler carré blanc sur fond blanc de Malévitch. Mais elle m'a surtout fait penser au braille. Le graphisme faisant générallement appelle à la vue pourrait être ici adapté aux aveugles. Il s'agirait d'un language composé des même outils grammaticaux puisque le braille est un ensemble de caractères formés par des points en relief. Il n'y a donc pas de dialectique entre l'image et l'écriture, mais une confusion entre ces deux vecteurs de communication, une écriture transversale et universel.

Tahehito Koganezawa Drawing book design, Bluemark

Cette trame fonctionne dans une logique de rapport analogique. Ici se dessine à travers une série, une trame de ronds colorés un scarabée rose et bleu. L'évocation d'éléments figuratifs par la présence du graphisme peut confronter l'idée de narration à celle de graphisme, de trame ( "neutre" comme dit précédemment.) Le mouvement, les impressions ou sensation que provoque la trame peut enrichir le dessin, lui donner des signification différente et dialoguer avec lui. Ainsi le dessin sensible peut confronter son vocabulaire à celui de la trame graphique, enrichissant le champs des possibilité de l'image.
Brutus Nr 5071512, editorial design, Magazinehouse

Cette image de l'industrie vestimentaire emploie la trame. Le logo du couturier Louis Vuitton est utilisé comme motif de fond, pouvant être imprimé sur des sacs ou sur des vêtements. Ici la lecture de la trame est brouillée par l'élément graphique la constituant. Que regarder ? Les signes et le logo ou bien la trame. La trame peut fonctionner si le regardeur est situé loin de l'image. Il associera tous les signent en une seule image. Cette image me pose cette question: Une trame peut-elle s'enrichir dans un dialogue avec l'espace ?

Casa brutus Nr 21, editorial design, Magazinehouse

La trame de cette illustration recouvre entièrement l'image présente en arrière plan. Voilà une manière de mêler image figurative (en l'occurance une peinture) et trame abstraite. Il est intéressant de constater l'écho de cette trame à celle de Ryuichi Sakamoto. Elles sont similaire mais présentes dans des dimensions différentes. L'une agit dans un espace (même si cet espace est réduit au plan) et l'autre est présente en deux dimensions. La sensation crée par ces trames ne sont pas les mêmes. D'un même outils graphique, l'on peut donc s'exprimer différemment. A une époque où les formes abondent, ne serait-il pas profitable d'exploiter cette richesse et d'amener les formes existante vers une dimension autre, vers des contextes différents ?

Morizawa Font, first version 1997, booklet for digital font, Shinnoske Sugisaki


L'écriture japonaise et plus largement orientale, pour un oeil occidental non averti peut sembler être un répertoire de formes equidistantes les unes des autres. Ces caractères forment alors une trame poétique. La trame graphique dépasse le domaine de l'image au sens stricte pour embrasser la littérature et pourquoi pas la musique( partitions.) La trame ne se réduit donc pas à l'affiche, au design graphique, mais peut se décliner selon des domaine. Si l'on considère certaines l'écriture (ou toutes ?) comme une trame, cette dernière serait omniprésente dans le quotidien et ce depuis plusieurs siècles. Je note la présente de signes purement graphiques en l'arrière plan de l'image. Le graphisme dialogue une fois encore avec l'écriture. 

Cyan Detlef fiedler, Daniela Haufe Singhur, 2006, Allemagne

Ici, la trame est plus conventionnelle, elle s'inscrit dans le contexte d'une affiche. Le mouvement qu'elle crée est indéniable. Des courbes apparaissent du bas vers le haut de l'image. Un dynamisme optique vient jouer avec la typographie, la rendant trouble, difficile à lire. Tous est visible par la présence de la trame et de la couleur. L'information n'en est que plus intrigante.


Gauche: Draft Co. Ltd, Uehara Ryosuke, Between G and P, 2006, Japan
Droite: Peter Frey, Kulturstadt 3, 2000, Suisse

Ces deux affiches dialoguent entre elles. L'une possède un centre vierge et l'autre en possède un saturé. Les couleurs se renvoient aussi un écho. Ces images fonctionnant en partie par l'idée de la trame renvoient au domaine des arts plastiques mais aussi au dadaïsme, et donc à l'histoire de l'art, de la peinture et du collage. J'aime à constater l'idée d'un confrontation, d'une conversation entre  le graphisme neutre et la peinture subjective et fortement sensible. Je trouve que le graphisme peut y gagner une certaine chaleur.

Droite: Peter Frey, Aaraurer Kulture, 2006, Suisse

Cette trame relativement complexe m'évoque l'optic art de par son volume et sa géométrie. Le texte fonctionne de manière peut banale avec la trame. Il est peu lisible, difficile d'accès. Peut-on imaginer une affiche non illisible de loin. Provoquer cet étonnement ne serait-ce pas une stratégie visant à attirer le passant ?

Droite: Jianping He, 100 best posters 05 in China, 2006, Allemagne

Le réseau filaire constituant cette image propage un dynamisme, un mouvement, une circulation. Ce réseau que l'on peut appeler "trame" me renvoie à la typographie très graphique des Beaux Arts de Paris, très vivante. Mais elle évoque aussi le trait de Giacometti, sensiblement puissant. Encore une fois, des liens peuvent être établis entre des domaines différents, les arts appliqués et les beaux-arts par exemple.




Droite: Mixer, Erich Brechbul, Bourbaki panorama, 2006, Suisse

Cette image et une parfaite illustration de ce que peut être un dialogue entre la photographie et le graphisme et plus particulièrement la trame. Aucun des deuc ne domine, ils se complète et s'enrichissent mutuellement. Une progression existe entre les deux médiums : la trame replace certaines partie effacées de l'image, cette dernière réapparaissant à des endroits incongrues (de ciel). Je trouve cette affiche d'atan plus riche qu'elle évoque de par ses couleur les collages et les peintures du constructivisme russe.

Mooren and Van der Velden, Maureen Mooren, Daniel Van der Velden, Holland Festival Melancholia and hysteria, 2007, Pays-Bas.

Ici la trame est légère, discrète, filaire et en même temps agressive de par le rappelle des barbelés. Je lui trouve une correspondance avec l'affiche de Peter Frey, dans laquelle  le texte est presque invisible, noyé par la trame. Le passant ou le regardeur doivent s’arrêter pour comprendre l'information délivrée par l'image. Tout est subtilité. Les deux affiches semblent similaires mais l'importance de l'une par rapport à l'autre est flagrante de par les masses du point d'interrogation et de la typographie "FESTIVAL". Voilà deux affiches similaires mais différentes de par leur impact visuel. Ces affiche soulignent également la beauté graphique et l' efficacité de la ligne claire.

Jonathan Puckey, Jean-Marc Bustamante, 2006, Pays-Bas

Cette affiche présente une image (le portrait), un texte typographié et une trame. L'image n'existe que grâce à la trame, qui n'existe elle-même que grâce à la trame. La trame peut être considérée ici comme élément fondateur et indispensable à la visibilité et à la perceptibilité de l'image globale.
L'image a ici la même importance que le texte typographié et que la trame. Ces trois éléments fonctionnent sans qu'aucun d'eux ne brouillent la compréhension de l'image globale.

Eva Rittmeyer et Xavier Robel, Archipel 2005, 2005, Suisse

Cette trame faite d’entrelacs revoie à l'affiche de Cyan Detlef fiedler et de Daniela Haufe Singhur. Elles se ressemblent beaucoup et crée une impression visuelle similaire. Le message de celle-ci n'est pas plus lisible que l'autre puisque le texte est d'une très petite taille. Il est ici moins confondu avec la trame mais pas moins discret.



Suunnittelutoi Misto Both et Timo Berry, Journalist Anna Polikovskaya 1958-2006, 2006, Finland

La trame présente sur cette affiche se veut discrète et minimale. Elle se réduit à un léger effet de pixellisation.
L'importance de l'image ne fait pas disparaitre pour autant cette trame. La masse noire valorise la tâche rouge, dynamisant l'image, ainsi que la masse blanche sur laquelle est déposée la trame, voilage imperceptible. La trame prend son sens dans sa relation à l'image figurative ( en l'occurance la photographie.) J'y voit le voile de la veuve habillée de noir. La trame peut alors devenir analogique et pourquoi pas narrative.

Atelier BLVDR, Silvia Francia, Danial Kunzi, Le rêve d'un homme, 2006, Suisse

La trame de cette image fonctionne de manière similaire par rapport à la précédente. Elle vient épouser une élément de la photographie (le veste). L'impacte de l'image est plus fort car le contraste entre la photographie et cette trame intrigue. Elle allège et adoucie le visuel. La tête de l'homme, à l'envers, est prête à tomber, la veste n'étant plus qu'une découpe tramée, ne supportant plus le poids ce cette tête.




Fuud Ujep, Pavel Fric, Supermarket graphic design galery on the street, 2006, République tchèque

Ici, une richesse au niveau des trames est déployée. A chaque ligne, une trame nouvelle prend place et dialogue avec ses voisines.Tout semble pétiller, vibrer et vivre au milieux de cette page. La flèche pointant des informations au bas de la page devient invisible et ne passe qu'au deuxième plan. Ce vocabulaire formel m'évoque Karel Martens, dont le langage graphique pétille.

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